Fribourg, le 03 avril 2025
Le 20 février 2025, le journal Le Peuple a relayé une interpellation des députés fribourgeois Ivan Thévoz et David Papaux (UDC/UDF) (Question 2025-GC-61), contestant le contenu d’un cours d’éthique et cultures religieuses dispensé au CO de la Glâne.
Ce cours abordait, entre autres thèmes, l’identité de genre et l’orientation sexuelle, en s’appuyant sur des documents produits par Santé Sexuelle Suisse. Les députés concernés ont dénoncé ce qu’ils qualifient d’ »infiltration de la théorie du genre » dans les écoles. Cette prise de position a été relayée le lendemain par La Liberté sans mise en perspective critique des notions d’ »endoctrinement » et de « théorie du genre ».
En tant qu’associations défendant les droits des personnes LGBTQIA+ dans le canton de Fribourg, nous déplorons vivement ces déclarations, ainsi que celles des députés Lucas Dupré et Jacques Dumas (UDC), qui ont déposé une interpellation similaire (Question 2025-GC-60).
Assimiler l’existence des personnes LGBTQIA+ à une idéologie relève d’une rhétorique alarmiste et infondée. Nous regrettons que des représentants politiques recourent à des discours relevant d’une logique complotiste, mettant en cause l’enseignement d’un cadre scientifique et pédagogique reconnu, sous prétexte de préserver les enfants.
Rappelons que la Suisse s’est engagée à promouvoir une éducation sexuelle de qualité, respectueuse des diversités et fondée sur des faits. La sensibilisation aux questions de genre et de sexualité constitue un outil essentiel pour prévenir les discriminations et assurer un cadre inclusif et bienveillant à l’école.
Les députés Ivan Thévoz et David Papaux s’étaient déjà opposés aux contenus des cours d’éducation sexuelle dans une motion (2024-GC-83), motion rejetée par le Conseil d’État. Dans leur nouvelle question, ils remettent également en question l’enseignement de plusieurs droits sexuels fondamentaux, dont le droit à l’avortement, pourtant traité de manière factuelle dans le cadre du cursus scolaire. Chaque année, environ 70 jeunes de moins de 16 ans ont recours à une interruption volontaire de grossesse en Suisse (OFS 2024), ce qui souligne l’importance d’une information précise et dépourvue de stigmatisation.
Nous appelons également les médias à un traitement plus rigoureux de ces questions. Il est essentiel d’assurer une contextualisation précise des débats sociétaux afin d’éviter la banalisation de discours polarisants. Par exemple, la licorne du genre, critiquée comme « infantilisante », est en réalité un outil pédagogique largement employé par des professionnel·le·s de la santé et de l’éducation.
Nous reconnaissons que les documents utilisés lors de ce cours n’étaient pas les plus récents. Plutôt que d’en faire un motif de controverse, nous souhaitons que cet événement mette en lumière le besoin impératif de ressources et de moyens accrus pour assurer une éducation sexuelle de qualité, conforme aux engagements de la Suisse en matière de droits sexuels. Nous appelons les autorités cantonales à renforcer le cadre pédagogique sur ces thématiques afin de garantir un environnement scolaire informé, inclusif et respectueux de toustes.
Au nom de l’asso trans&non-binär & Sarigai
E. B. et L.
Prise de position de Santé Sexuelle Suisse en 2024 : https://www.sante-sexuelle.ch/nos-activites/actualites/prise-de-position-contre-la-petition-contre-les-enseignements-anti-scientifiques-sur-la-sexualite-a-lecole-publique)
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