Affirmative, c’est ce qu’une personne en questionnement de genre, trans et/ou non-binaire est en droit de penser et ressentir dans son parcours avec le système thérapeutique et médical.
On appelle cette attitude « affirmative » et les professionnel.les qui partent de ce principe sont dit.es pratiquer un « accompagnement affirmatif » (trans-affirmatif, genre-affirmatif, non-binaire-affirmatif, agenre-affirmatif, etc).
Je suis une personne en questionnement de genre ou transgenre et/ou non-binaire. Avec mes praticien·ne·s, j’ai le droit de m’attendre à ce que je sois reçu·e sans jugement, avec une humilité qui place l’expertise en matière de genre de mon côté. Lorsque mon expérience, mes attentes ou mes valeurs ne correspondent pas à celles de mes praticien·ne·s, iels entrent en réflexion sur elleux-mêmes. |
Mes praticien·ne·s reconnaissent que mes souffrances seraient totalement différentes ou absentes si les personnes comme moi ne portaient pas de la trans/neuro/psycho/..phobie et du validisme normatif internalisés et que nous ne vivions pas dans la situation d’injustice sociale et d’oppression systémique et/ou familiale dans laquelle nous vivons. |
Dans une approche affirmative, je suis encouragé·e à considérer les systèmes thérapeutiques et médicaux comme des partenaires et des ressources qui me soutiennent, m’informent et me donnent accès à des traitements que j’aimerais essayer, enclencher ou poursuivre, y compris des chirurgies. |
Thérapeutes et médecins me soutiennent dans mes questionnements et mon auto-détermination. Mon auto-détermination est respectée à tout moment. |
Pour ce qui est de mon genre, iels me considèrent comme un sujet en quête de support thérapeutique et/ou médicalisation, non pas comme un patient atteint d’une maladie mentale relative à mon genre. |
Je suis l’expert·e de mon identité de genre et de mon expression de genre, quels qu’ils soient, personne d’autre. |
Je me sens respecté·e, écouté·e et accompagné·e là où je sens devoir aller, que mon chemin soit typique ou atypique et même s’il y a des moments qui me troublent, si je suis contradictoire et change d’avis. Je suis à la barre du bateau et on m’y laisse. J’ai aussi le droit d’être très clair·e et de savoir dès le début exactement ce que je veux et dont j’ai besoin. |
Je me sens en sécurité lorsque je vais chez un.e professionnel·le pour récolter et explorer des informations et j’ai le droit de vouloir essayer certaines thérapies (hormones, psychothérapie, etc.), sans en être totalement convaincu·e. |
Je suis encouragé·e à développer la fierté d’être moi-même. |
On m’informe des possibilités qui existent pour adresser les difficultés que je rencontre, qu’elles soient au niveau familial, au niveau social, dans le cadre d’études ou du travail ou dans le cadre médical. |
Mes praticien·ne·s sont formé·e·s et/ou ouvert·e·s à la pratique affirmative. Iels consultent les pôles de compétences connus lorsque nécessaire (Checkpoint.s, Agnodice, Centre 3, TGNS, intervision cantonale, etc.). |
Mes praticien·ne·s se réfèrent aux Standards de Soins aux Personnes Transgenres et en Diversité de Genre (Standards of Care for the Health of Transgender and Gender Diverse People), actuellement en version 8 (SdS-8/SOC-8). Ces standards sont issus d’une rigueur scientifique et éthique sans reproche. En voici quelques fondements: – la souffrance liée à des questions d’identité de genre n’est pas une pathologie en soi – les personnes concernées sont respectées dans leur auto-détermination – elles sont suivies dans un « accompagnement affirmatif » – les soins d’affirmation/confirmation de genre sont « nécessité médicale », ce qui veut dire qu’en principe tout médecin, généralistes inclu.es, devra pouvoir prescrire un traitement hormonal ou chirurgical ou autre – là où, tout de même, un diagnostic spécifique est nécessaire, c’est celui d’ »incongruence de genre » de la Classification internationale des maladies no 11 (CIM-11) établie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui devrait être utilisé. |
La Classification internationale des maladies no 11 (CIM-11) est en vigueur internationalement depuis janvier 2022, mais en Suisse, la CIM-10 (1992) est encore utilisée pour certains cas d’hospitalisation et en cas de mortalité et le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-V, 2013) peut être utilisé par certaines assurances-maladie. Dans la CIM-10 (1992), le diagnostic qui concerne l’identité de genre se nomme « transsexualisme », et il est considéré comme une maladie mentale. Dans le DSM-V (2013), le diagnostic s’appelle « dysphorie de genre » et c’est une maladie mentale. Dans la CIM-11 (2022), le diagnostic s’appelle « incongruence de genre » et n’est plus une maladie mentale. Il fait partie de la santé sexuelle. Si mes praticien.nes sont obligée.es de se référer à la CIM-10 ou au DSM-V, je leur demande de mentionner l’ »incongruence de genre » de la CIM-11 aussi. |
Le passage de la CIM-10 à la CIM-11 est un pas vers une dé-psychopathologisation et dé-psychiatrisation de ma communauté. Il s’agit d’une reconnaissance que, comme l’homosexualité depuis déjà 1990, le questionnement de genre, la transidentité et la non-binarité ne sont pas des maladies mentales. Je soutiens cette direction et je suis en droit d’attendre que mes praticien.nes la soutiennent aussi. Ceci ne veut pas dire pour autant que je perds accès à du soutien psychothérapeutique et/ou psychiatrique quand j’en ressens le besoin. |
Même si l’ »incongruence de genre » de la CIM-11 n’est pas une maladie mentale, elle est encore un diagnostic dans la Classification internationale des maladies. Ceci renforce la nécessité médicale des traitements dont j’ai besoin (hormones, chirurgies et autres), et donc, si mon assurance-maladie devait essayer de mettre sa couverture en question, mes praticien.nes me défendent. |
Mes praticien.nes suivent la recommandation de 2021 de l’American Psychological Association et de l’American Psychiatric Association de ne pas prendre au sérieux le concept apparu en 2018 de « Rapid Onset Gender Dysphoria » (ROGD), « dysphorie de genre à déclenchement rapide ». La raison invoquée est qu’il y a sérieux manque de preuve scientifique. Mes praticien.nes sont aussi bien conscient.es qu’il n’y a pas d’ »effet de mode ». |
liens aux organisations et classifications et autres, pour compléter cette page |
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